Samedi 22 janvier 2022, 14h00 – Salle 300
de Med Hondo
avec les voix de Toto Bissainthe,
Marceline Alessé
Mauritanie doc. vostf 1978
coul.1h25 (vidéo num.)
Un témoignage. Ce sont les images et les sons enregistrés sur toute l’aire de lutte du peuple sahraoui et ils témoignent de sa volonté de vivre libre chez lui tout en replaçant le « problème sahroui » dans un contexte véritable. Ex-colonie espagnole dont les richesses sont considérables, le Sahara Occidental devait, comme beaucoup de pays africains, accéder à l’indépendance selon les résolutions des Nations-Unis. L’aveuglement colonial et les tergiversations politiques entrainèrent une prise de conscience plus grande du peuple. Un mouvement national, le Front polisario, fut créé le 10 Mai 1973. Dès le 20 Mai la lutte armée était déclenchée. L’appétit des voisins s’est révélé lors de l’agonie de Franco en Espagne. Depuis 1975, les choses ont bien changé avec la création de la République Sahraoui Démocratique et de l’existence de « zones libérées ». Les soldats marocains sont cantonnés dans les villes. La Mauritanie est sortie de la guerre et a reconnu le Front Polisario. Il s’agissait pour nous de témoigner. La cause du peuple sahraoui est juste. Les moments passés avec lui rendent bien compte de sa détermination à vivre chez lui.
Med Hondo
Né en 1936 en Mauritanie, descendant d’une famille d’esclaves affranchis, Med Hondo arrive à Marseille en 1958. Là commence une vie de petits boulots, une prise de conscience politique et le développement d’une passion pour l’art dramatique et le cinéma.
Après avoir réalisé deux courts-métrages, il entreprend le tournage de Soleil Ô (1969), film au budget dérisoire tourné durant les week-ends. Malgré ces contraintes techniques, ce premier long-métrage démontre la maîtrise cinématographique du réalisateur et une réflexion forte sur la désillusion d’un immigrant africain arrivant sur le sol français. À l’enchantement des premiers instants fait place l’amertume face à un racisme ordinaire et à la peur croissante d’une « invasion noire ».
Ce film préfigure déjà les thématiques de l’œuvre de Med Hondo. Un cinéma, pourtant encore méconnu en France, qui questionne et met à mal les rapports entre les peuples Africains et leurs anciens colonisateurs. West Indies ou les nègres marrons de la liberté (1979) illustre parfaitement cette problématique au travers d’une comédie musicale sur la traite des esclaves et sur l’asservissement des populations antillaises à la culture européenne.
C’est aussi l’émancipation des peuples d’Afrique qui se trouve au coeur du cinéma de Med Hondo. Polisario : un peuple en armes (1978) et Nous aurons toute la mort pour dormir (1977) documentent la lutte armée du Front Polisario pour l’indépendance du Sahara Occidental. Dans Sarraounia (1987), Med Hondo évoque la vie de la reine africaine du même nom ayant résisté avec son peuple face aux massacres perpétrés par les colonisateurs de la sanglante mission Voulet-Chanoine à la fin du XIXe siècle.
Depuis le dépôt de sa filmographie et de ses archives en 2015, Ciné-Archives gère les droits de diffusion de ses films et oeuvre à leur conservation et à leur valorisation. En 2017, son premier film Soleil Ô a été restauré par la World Film Foundation de Martin Scorsese, au laboratoire l’Immagine Ritrovata à Bologne ouvrant la voie à une redécouverte de ce cinéaste profondément imprégné d’une culture marxiste.
Revue de presse
Against Ethnic Absolutism: The Hybrid Cinema of Med Hondo – Los Angeles Review of Books
Entretien avec Med Hondo | Sabzian
La projection de ce film sera précédée de Rain